Les jardins

Les jardins du palais se trouvent en son centre. C'est un milieu paisible où l'on n'a très peu de chance de se faire assassiner.

De grandes fougères arboricoles offrent lorsqu'il fait trop chaud toute l'ombre et la fraîcheur qu'il faut. On a profité du fait que le climat soit propice à la culture de plantes exotiques de toutes sortes pour en user voire même abuser.

Certains bruits racontent qu'un ancien roi y faisait pousser des fleurs carnivores particulièrement voraces, mais même si jamais rien n'a vraiment été prouvé, évitez de laisser traîner vos doigts près des plantes suspectes.

Un puits de pierres noires trône au milieu de ce petit univers reposant. Aussi obscur que profond, une légende dit qu'il est rempli de cadavres d'opposants du premier roi d'Aliagan. Mais comme toujours, même s'il n'y a pas de fumée sans feu, rien n'a jamais démontré que c'est vrai. Éviter tout de même de trop vous y pencher.

Kâhak arriva dans les jardins du palais d'Aliagan. Ses pas étaient lents et posés, il laissait aller son regard si et là. Il aimait ce qu'on racontait sur ce jardin et s'y plaisait. Kâhak, déambulait dans les allées en observant les fleurs respirant chaque volute parfumé qui arrivait à ces narines.

Il va peut être falloir que je songe à faire quelque chose au sujet du problème dont m'a fait part ce mage...

Perdu dans ces pensées, Kâhak perdit aussi le cours du temps.

D'abord silencieuse comme un serpent puis faisant un peu de bruit pour ne pas surprendre le régent, Rowane s'avança.

Ses longs cheveux, qu'elle avait fait boucler, étaient rendus un peu plus lourds par l'humidité de l'air. Ils ne flottaient pas aussi bien qu'à leur habitude, crinière de lion légère dans son dos.

L'odeur du parfum doré qu'elle venait d'acheter était assez forte pour tenir tête au parfum des fleurs.

Monseigneur duc, régent d'Aliagan.

Elle inclina la tête avec respect devant celui qui gouvernait le royaume. Puis, avec grâce, elle le va ses yeux noirs vers Kâhak.

Puis-je me montrer utile à mon seigneur ?

Le régent s’aperçut rapidement de l’approche de la jeune femme. Cette dernière avançait avec grâce et légèreté, si bien que Kâhak sortit de ses pensées pour la regarder arrivé. Elle inclina la tête puis releva ses yeux vers Kâhak. A ce moment précis, un nouveau parfum vint aux narines du régent, parfum agréable sans être trop enivrant. A la question de Rowane, Kâhak ne pu s’empêcher de sourire. En effet, il pourrait avoir besoin des services de cette ravissante jeune femme.

Avez-vous entendu quelque chose à propos d’un problème d’ordre magique ces derniers temps, Mademoiselle Oropher ?

Kâhak planta son regard dans celui de Rowane, Intimidation ? Admiration ? peut être les deux, Kâhak n’aurait su le dire

Peut-être par pure bravade, mais peut-être bien pour une autre raison, Rowane soutint le regard de son régent. Elle avait vu tant de seigneurs et de rois qu'il fallait bien plus qu'un titre pour l'intimider.

Mais malgré tout, elle ne put s'empêcher d'admirer les beaux yeux gris de son duc. Physiquement, il était charmant, grand, élancé et un peu plus jeune qu'elle (c'était toujours utile de le remarquer, pour plus tard, on ne savait jamais). Intellectuellement, elle le connaissait trop peu pour pouvoir en faire un portrait.

Sans signe avant-coureur, la jeune femme fit un pas en avant. Sa voix ne fut plus qu'un murmure, caressant et mielleux.

Sire, je n'ai aucune information sur ce genre d'événements, je ne suis qu'une humble messagère et non pas une ambassadrice ou une espionne. Le mot était lâché avec tant de désinvolture qu'on aurait pu croire qu'elle parlait de sa nouvelle paire de chaussures.

Mais, vous pouvez toujours m'envoyer prendre des nouvelles de ces problèmes auprès des personnes concernées, déclara-t-elle en espérant qu'il ne le ferait pas surtout si cela se déroulait dans les terres hindelles.

Kâhak écouta avec attention la jeune femme, il pu aussi confirmer que c’était bien le parfum de la jeune femme qui était venu chatouiller ses narines un peu plus tôt. Le fait qu’elle est soutenue son regard sans ciller lui fit plaisir, au moins, il connaissait désormais un penchant de son caractère. La jeune femme c’était approché de lui pour lui répondre, il s’approcha d’elle plus encore pour placer sa bouche près de son oreille. Il lui murmura.

Je me doute bien que vous n’êtes pas au courant obligatoirement de tout ce qui pourrait arriver dans ce royaume, mais si cela vous fait plaisir, vous pouvez mener votre enquête.

Kâhak inspira profondément mais lentement pour apprécier toute la finesse du parfum de Rowane.

Votre parfum vous va à ravir mademoiselle.

Kâhak se recula légèrement pour de nouveau faire face à Rowane.

Si l’envie vous prend d’enquêter sur ce problème je pourrais vous éclairer du peu de chose que l’on sait. Dans le cas contraire, je n’ai pour le moment pas expressément besoin de vos services. Mais si vous le désirez, vous pouvez également rester avec moi. Un peu de compagnie ne serai pas de refus.

Elle aimait la manière dont le régent avait accepté de lui répondre. Un vrai roi d'Aliagan, charmant et sûr de lui. Le fait qu'il s'approche autant d'elle était un réel honneur, c'était presque une marque de confiance. Enfin, les lieux y étaient peut-être pour quelque chose.

Il n'est pas dans mes habitudes de mener des enquêtes en mon nom, mon duc. Je n'agis que sur les ordres du palais. Mon plaisir est celui de mes seigneurs, ni plus, ni moins.

Cela ne la mit pas mal à l'aise de voir le duc prendre de grandes bouffées d'air afin de respirer son parfum, bien au contraire.

°Que de grâcieux compliments venant d'hommes ces temps-ci . Je vais finir par croire qu'avoir laissé cet idiot à son destin était la meilleure chose que j'ai jamais faite.°

Il est bien connu que les goûts de mon régent sont des plus exquis. Ce compliment me fait un grand plaisir.

Oui, ce parfum était parfait, le mélange le plus extraordinaire qui ne lui avait jamais été donné de porter. Elle l'avait trouvé cette fameuse fragrance qui restait gravée dans les esprits.

Si mon seigneur acceptait de partager ses connaissances avec moi, j'en serais très honorée. Mais même si cela n'avait pas été le cas, votre compagnie est des plus excellentes et ce serait une réelle joie de demeurer à vos côtés.

Un sourire mystérieux, mais sans être effrayant, passa sur les lèvres de la jeune femme. Le roi ne savait pas à quel point ce qu'il venait de dire faisait réellement plaisir à la messagère.

Kâhak vit se dessiner un sourire sur le visage de Rowane, il sourit à son tour.

Et bien très chère, pour faire simple, disons que nos mages se sont aperçu que le potentiel magique du pays était en baisse, chose qui ne devrai pas être. Aussi par les temps qui court, nous ne pouvons pas nous permettre de nous retrouver diminué. C’est pourquoi il me va falloir réglé ce problème rapidement.

Le Régent fit un pas en avant pour se placer sur le côté gauche de la demoiselle, se tourna dans le même sens que cette dernière, puis lui présenta son bras.

Puis-je vous proposer, charmante demoiselle, mon bras pour vous guider à travers ce jardin ?

Kâhak savait que si quelqu’un le voyait ainsi il serait sûrement la cible de ragots. Mais Kâhak était avant tout un Duc et un gentleman.

Ce qui faisait la réputation d'Aliagan n'avait jamais été ni ses mages ni ses guerriers, mais plutôt ses marchands. Rowane ne put s'empêcher de trouver étrange l'attitude du régent. Depuis combien de temps leur royaume devait craindre une baisse de leur potentiel magique ? Qu'est-ce que cela pouvait bien cacher ? Le duc craignait-il le roi de Hindell dont les ambitions étaient plus qu'obscurs ?

La messagère prit la grave décision de ne pas lui demander plus d'explications. Pourtant, cela l'alarmait et il en fallait beaucoup pour déclencher cette réaction chez elle. Malgré tout, elle ne laissait rien transparaître de son trouble.

Je vous fait entièrement confiance mon duc, vous saurez prendre les bonnes décisions pour notre peuple.

La jeune femme ne fut pas étonnée de voir celui qui était à la tête du peuple aliagan lui offrir son bras.

Ce serait un honneur que de me promener avec vous.

Combien de femmes auraient voulu être à sa place, elle l'ignorait, mais elle en connaissait certaines qui auraient pu tuer pour ça. Elle posa la main sur celle de Kâhak avant de secouer la tête pour faire voler ses cheveux.

Kâhak ne connaissait pas encore bien ce jardin, alors il déambulait sans même vraiment savoir où il menait Rowane. Kâhak ne pu s’empêcher de remarquer la manière dont se comportait la messagère, un attitude calme et sereine, rien qui ne ressemblait a celles qu’il côtoyait de temps à autre.

Est-elle aussi à l’aise avec tout le monde ?

Kâhak trouva en cette jeune femme une opportunité d’en apprendre un peu plus sur certains détails qu’il ignorait.

Comme vous le savez sûrement, je ne suis régent que depuis peu. Aussi je ne connais pas tout mes futurs collaborateurs, et comme vous sembliez avoir l’habitude de venir au palais, je me demandais si vous ne pouviez pas m’éclairé sur certains d’entre eux. Cela dis, si cela vous ennui de parler de ceux-ci, vous pouvez toujours me parler de quelque chose plus à votre convenance.

Kâhak ne lâchait que rarement des yeux Rowane, que pour regarder a droite ou a gauche lorsqu’il arrivait a l’un des nombreux embranchements des allées du jardin.

(HJ : comme je pense que ta première phrase en vert est une pensée, je n'en prend pas comtpe : HJ)

Il était clair que le régent ne savait pas bien où il allait. Mais trop bien rompue aux usages de la cour, Rowane ne lui fit aucune remarque, se contentant de se laisser mener par le duc. Mais si quelque chose était clair, c'était qu'elle ne le laissait pas totalement indifférent, bien au contraire, ses yeux ne la quittaient jamais, ou presque. C'était vraiment très flatteur tout en étant plutôt gênant, la messagère ne pouvait pas s'autoriser la moindre erreur.

°Restez belle et impassible, quoiqu'il puisse se passer.°

La demande du roi la fit sourire intérieurement.

° Il faudrait peut-être que je le mette en garde contre les personnes qui voudraient lui faire visiter le fond du puits.°

Le palais change trop vite pour une personne qui comme moi peut rester plusieurs jours ou semaines éloignés du royaume d'Aliagan afin de remplir sa mission. Je ne peux donc pas vous éclairer d'une quelqconque manière et j'en suis bien désolée.

°Parler d'autre chose mais de quoi ?°

Monseigneur, il me semble que Hindell est de plus en plus en mouvement. Peut-être faudrait-il aller à la rencontre du roi Draggan ?

[HJ] oui en effet ce sont mes pensées, j’aurai du le préciser. [/HJ]

Kâhak fut déçu de la réponse de Rowane, mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Par contre le point qu’elle avait soulevé était en effet intéressant. Kâhak s’était également laissé entendre que le roi Draggan préparait quelque chose.

Il est vrai que Hindell a toujours été plus ou moins agité, ne serai-ce que par sa nature guerrière. Mais il est vrai également que ces dernier temps Hindell semble très animé… Peut être devrai-je le rencontrer plus tôt que prévu finalement…

Kâhak et Rowane se retrouvèrent face au puit du jardin…

Je ne pensais pas me retrouver là…

Le royaume de Hindell a toujours ambitionné de se rendre maître de ses voisins. Nous nous devons de faire les bons choix, même si je ne pense pas que nous soyons sa cible principale. Détruire ou ne serait-ce que perturber l'économie d'Aliagan serait néfaste pour tous les autres royaumes et Draggan est bien assez intelligent pour le reconnaître.

S'approchant à distance respectable du puits pour y jeter un coup d'oeil, Rowane sourit. Ces pierres lui semblaient belles, froides et terribles, comme elle. Elle aurait voulu s'y pencher un peu plus pour tenter d'apercevoir le fond, mais elle était bien trop prudente pour ça.

Personne ne pense jamais à se retrouver là.

Le nombre de fois où elle avait voulu se débarrasser de son amant ici était probablement incalculable.

C'est le symbole même de la politique. Soit on est celui qui pousse, soit celui qui tombe. Il n'y a pas d'autres alternatives.

Kâhak observa ce puit une fois de plus, ces pierres noires et ce que l’on racontait sur lui, lui donnait un air mystérieux et dangereux. Plusieurs ois Kâhak s’était penché au dessus pour tenter d’en apercevoir le fond, mais même au soleil de midi rien n’y faisait…

Vous seriez surprise si vous saviez le nombre de fois où je me suis rendu sciemment près de ce puit. Je ne serai jamais celui qui tombe, c’est une certitude. J’ai suffisamment observé ce puit pour le savoir.

Kâhak lâcha la main de Rowane et s’approcha du puit, il le caressa du bout des doigt en en faisait le tour. Lorsqu’il se retrouva de l’autre côté par rapport à Rowane, il releva la tête vers elle.

Je ne serai pas celui qui tombe, mais je ne serai pas non plus celui qui pousse.

Il afficha un sourire puis revins vers Rowane pour lui reprendre la main.

La messagère trouvait le régent bien sûr de lui. Il ne la connaissait pas, elle aurait très bien pu être une de ces terribles espionnes qui vous charme avant de vous poignarder dans le dos, ou dans ce cas, vous pousser dans un puits.

Mon seigneur, au risque de vous faire peur, il ne faut jamais dire jamais et il ne faut pas non plus tirer la queue du diable. Ce puits renferme des mystères que les anciens rois seuls connaissaient réellement.

Lorsqu'il lui prit la main, elle la retira presque immédiatement.

Et, fixant ses beaux yeux noirs dans ceux du régent, la jeune femme s'avança jusqu'à ce que ses mains touchent le rebord du terrible puits. Avec délicatesse, elle fit glisser ses longs doigts sur la pierre.

Regardez, les inconscients ne voient qu'une surface plane et stable mais ceux qui savent se méfier remarquent que la pierre est trompeuse et n'attend qu'une chose, que vous soyez assez fou pour lui faire confiance.

Elle laissa ses mains glisser jusqu'à ce qu'à ce qu'elles soient dans le vide.

Méfiez-vous mon duc, beaucoup de gens attendent de vous ce genre de réactions.

Kâhak acquiesça aux dernières paroles de Rowane. En son fort intérieur il savait tout ce qu’elle disait, et il souriait.

Mais c’est très exactement ce que je compte faire, ou du moins, faire croire… Je n’ai confiance qu’en moi-même et me méfie même de mon ombre. J’occupe un poste dangereux, c’est mon père qui me l’a appris en se faisant assassiner à l’initiative de mon propre frère.

Le régent tendit sa main vers Rowane pour l’inviter à continuer cette petite promenade. Ce puit ne faisait que faire naître de sombres pensées comme s’il s’insinuait dans l’esprit des gens. Cette image plaisait d’ailleurs à Kâhak, car elle renforçait le côté mystérieux du puit.

Pour me pousser dans le puit il faudrait s’en approcher également et s’exposer alors au risque d’y être précipité également. De ce duel n’en sortirait que le plus habile des deux, le plus rusé…

Kâhak marqua une pause puis repris.

Néanmoins je vous remercie de ces précieux conseils, je vois que mon sort ne vous est pas indifférent.

Le père de Rowane lui avait également appris beaucoup de choses. En majorité, il s'agissait de manières de tuer, de la plus lente et douloureuse à la plus rapide. Sa famille l'avait si bien formée qu'elle se sentait capable de briser le cou d'un homme en utilisant un seul bras.

Votre frère était un homme qui savait ce qu'il voulait. Pour ceci, il ne s'embarrassait pas des liens de parenté. Je n'approuve pas pour autant ce qu'il a fait, le rassura-t-elle de sa plus suave voix.

Lorsqu'elle reprit la main du régent, elle ne put s'empêcher de remarquer que l'expression de son visage était plus sombre que jamais. Personne n'était immunisé contre les effets de ce puits, pas même ceux qui se croyaient intouchables.

Ou le plus fort, répliqua-t-elle comme pour finir la phrase laissée en suspens par Kâhak.

Lorsque le seigneur se tut, la messagère fit de même. Le silence n'était pas forcément une mauvaise chose. Il y avait même des silences plus que très éloquants.

Le sort de mon royaume ne m'est pas indifférent et vous êtes le royaume d'Aliagan aux yeux de tous.

Vous me rassurez.

Kâhak reprit sa marche à travers les allées du jardin, Rowane à son bras.

Mon frère m’a simplement devancé, je pensais apprendre encore de nombreuses choses de mon père, il a été impatient et il l’a payé… Moi j’en garde un souvenir, comme une leçon que je n’oublierai jamais.

Kâhak passa l’index de sa main encore libre sur sa cicatrice.

Mais plutôt que de nous tourner vers le passé, tournons nous vers l’avenir, car c’est là que nous allons. Et comme vous l’avez suggéré, je pense que je vais inviter le roi d’Hindell à Aliagan…

°Par tous les dieux qui ont pu un jour être invoqués sur ces terres, quelle famille de sournois.° Celle de Rowane lui semblait désormais presque normale.

°Patricide, fratricide, j'imagine l'ambiance qui devait régner à la maison.° Elle eut du mal à contenir un frisson cruel. Chez elle, on tuait, cela ne faisait aucun doute, mais uniquement des étrangers. Le meurtre au sein de la famille devait être le troisième et dernier tabou du clan Oropher. Les deux premiers étant l'inceste et le cannibalisme.

Oui, vous feriez mieux de faire sortir le dragon de son antre avant qu'il ne se décide à faire planer son ombre sur notre royaume.

Délicatement, elle avança les doigts pour caresser le visage du duc. Ce n'était pas correct, non, mais elle en mourrait littéralement d'envie. Elle voulait sentir cette cicatrice, le produit de la haine de deux frères.

Kâhak s’aperçut que Rowane approchait sa main de son visage. Il se tourna vers elle et planta son regard dans le sien. Sans s’en rendre compte ils s’étaient arrêtés de marcher.

°Une seule cicatrice, pas deux… Tenez vous le pour dis, vous qui souhaitez ma mort.°

Vous êtes ce qui manquait à ce jardin pour le rendre vraiment agréable Mademoiselle Oropher. J’aimerai vous y voir plus souvent…

Kâhak porta à son tour délicatement sa main sur le visage de Rowane pour y dessiner le même tracer que celui que suivait la main de la jeune femme.

°Tant de charmes et de mystères. Si seulement mon ambassadeur s'était conduit comme ça avec moi.°

Oui, le duc avait de beaux yeux, c'était une certitude, mais aussi la peau très douce là où la lame ne s'était pas enfoncée dans la chaire.

Ce jardin n'est agréable que depuis que mon seigneur a pris ses fonctions. Ce qui était loin d'être faux.

J'y reviendrai autant de fois que vous le désirerez. Chaque instant de cette promenade fut un véritable plaisir.

Lorsqu'il approcha la main de son visage, les traits de Rowane devinrent plus doux qu'à leur habitude. Elle ne devait pas laisser passer une telle occasion, mais il ne fallait absolument pas brusquer les choses.

Après tout, pour l'instant, elle n'avait rien à craindre, cette grosse bague qu'il portait à l'annulaire gauche ne pouvait pas être une alliance.

Lentement, elle laissa tomber sa main puis s'éloigna d'un pas du régent.

Si monseigneur souhaite entrer en contact avec Hindell, je me ferais une joie d'y aller.

C'était un mensonge plus gros qu'elle, mais elle ne voulait pas prendre le risque que quelqu'un d'autre lui vole cette mission. Si quelqu'un devait y aller, c'était elle. Et même si sa joue était encore bleuie par un coup qu'on lui avait donné là-bas, elle y retournerait.

Kâhak sourit à Rowane, en effet, il voulait rencontrer Draggan Feu Dragon mais il lui fallait un ambassadeur, et le sien n’était pas au palais pour le moment. Il ne lui restait donc qu’une solution…

Mademoiselle Oropher, notre ambassadeur n’étant pas au palais pour le moment, je pensais vous nommer ambassadrice temporairement. Ainsi vous pourriez porter le message et assister à notre entrevue, j’imagine qu’il ne sera pas seul lui non plus. Je vous allouerai également une escorte digne d’une ambassadrice d’Alliangan, cela semblera bien plus normal. Et qu’une ambassadrice se déplace pour lui devrai flatter l’ego du Roi d’Hindell et l’adoucir un peu pour ce dont nous allons nous entretenir.

Kâhak aurait préféré envoyer quelqu’un d’autre et garder Rowane à ces côtés pour parler plus en détail de ce qui devrai arriver lors de l’entrevue avec Draggan mais il n’avait personne d’autre qu’elle pour le moment.

°Faute de grives, on mange des merles. N'est-ce pas monseigneur ? °

Il ne fallait pas qu'elle laisse éclater sa joie, ce serait bien trop... compromettant de se montrer si heureuse. Elle resta donc de marbre, mais un marbre souriant légèrement. Mais enfin, on lui confiait une tâche qui lui plaisait réellement. Cette fois-ci, elle n'allait pas se contenter d'amener bêtement un bout de papier à un roi indifférent, elle allait vraiment être écoutée. Il fallait vraiment qu'elle se surpasse en charme et en talent d'oratrice.

° Ha mon bon ambassadeur, tu ne sais pas ce qui te passe sous le nez.°

C'est un grand malheur pour nous que notre ambassadeur, si habile, ne soit pas présent. J'accepte bien modestement cette nomination en vous remerciant de votre grâce.

Elle s'inclina donc bien humblement devant son régent, feignant cette sorte d'acceptation du destin que l'on peut lire sur le visage des bons petits soldats.

Même si ce n'était que temporaire, elle venait de faire une fulgurante ascension sociale.

° Attention ma fille, n'oublie pas que, qui monte vite, tombe aussi rapidement. °

Le roi de Hindell ne pourra qu'être flatté que le régent de ce grand royaume qu'est Aliagan daigne lui montrer une quelconque attention. Ce fanatique ne mérite pas même la moitié des efforts que vous allez déployer pour sa venue.

Modérant un peu plus ses propos, elle poursuivit.

Je saurai me faire l'ambassadrice de mon royaume et porterai avec fierté nos couleurs. Je serai l'obéissant instrument des paroles de mon régent.

°Quelque chose me dit que je vais assister à une entrevue digne d'être conservée dans les registres des ambassadeurs de Meznyl.°

Je quitterai nos terres pour les leurs lorsque bon vous semblera.

Kâhak se doutait que cela devait faire plaisir a la jeune femme qu’une mission d’une tel importance lui soit confier, même si elle ne laissait rien paraître ou presque…

Vous partirez dés que vous serez prête, votre escorte vous attendra aux portes de la ville. Un attelage pour vous conduire et six chevaliers d’Aliagan pour vous escorter. Ils seront à vos ordres, mais les miens à leur intentions seront clairs, protéger l’ambassadrice coûte que coûte et revenir entier. Bien qu’il ne devrait pas y avoir de problèmes…

°Même si mon instinct me dit que tout ira bien, je ne peux pas m’empêcher d’être inquiet pour l’avenir… Draggan Feu Dragon est un grand Roi et il va me falloir aborder un sujet assez délicat, j’espère qu’il ne prendra pas cela comme un affront…°

Kâhak était préoccupé par cette entrevue entre Draggan et lui, même si cela ne devait pas se voir sur son visage, cette inquiétude était palpable autour de lui. Kâhak et Rowane arrivèrent devant la sortie du jardin.

Je vais devoir vous laisser ici très chère, nous nous reverrons peu avant l’entrevue je suppose.

Kâhak baisa la main de Rowane puis dans un dernier regard lui dis.

Je compte sur vous.

Kâhak se dirigea vers le corps de garde, il avait des ordres à donner.

°Je suis prête depuis le jour de ma naissance. Et escorte ou pas, j'y serais allée avec joie quitte à me faire massacrer. Ce genre de mort à indubitablement un certain panache.°

Le régent avait pensé à tout, Rowane n'avait, en théorie, aucun souci à se faire. Les soldats prendraient les coups pour elle, mais elle n'avait pas l'intention de leur attirer le moindre ennui. Les chevaliers d'Aliagan était pratiquement le meilleur de ce qui pouvait se trouver à l'armée.

Se rendant compte de l'inquiétude du duc, Rowane ne put s'empêcher d'ajouter.

Ne craingnez rien, seigneur, le roi de Hindell n'est pas assez fou pour mordre la main qu'on lui tend. Après tout, il a bien plus besoin de nous que nous de lui. Qui a toujours permis au armée d'avoir de quoi manger ? Qui a toujours fourni des armes aux soldats ? C'est bien nous, les Aliagans. S'il nous fait du tort, il s'en fait à lui-même.

°A moins que sa lumière ne lui ait grillé le cerveau et tout sens logique, Draggan ne peut que nous écouter.°

Voyant que le régent prenait congé d'elle, Rowane inclina sa blonde tête. Elle garda le silence jusqu'à ce qu'il s'éloigne en direction du corps de garde. Puis, elle quitta les jardins à son tour.

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