rendez vous [libre]

C'est à un homme étrange, couvert de la tête au pied, que Hylek ouvrit la porte. L'inconnu ne perdit qu'une fraction de seconde pour évaluer l'homme en blanc qui se trouvait devant lui.

-''Apparemment je me suis trompé de maison.'' dit-il aussitôt, sur un air de dédain non feint.

Hylek pouvait sentir chez cet homme une pointe de désappointement et ce qui pourrait sembler être un désir de se faire contredire. Au delà de ces signes que n'importe quel humain très sensible au langage non parlé aurait pu détecter, K'Tarn était insondable.

K'Tarn leva un sourcil, signe involontaire qu'il n'était pas tout à fait convaincu. Pour l'instant, il devrait se fier à cette réponse. Il entra donc.

-''J'ai entendu dire que vous possédez certains talents. Enfin c'est ce que cette ''réputation'' dont vous vous vantez, certainement à juste titre, raconte.''

Il fit une pause, le temps de mieux jauger son interlocuteur.

-''Mais jusqu'où êtes vous prêt à aller dites-moi?''

Seconde pause.

-''Ce que je vous propose, si toute-fois le contrat est mené à terme, se soldera par gloire et fortune pour chacun de nous. Mais encore: jusqu'où êtes vous prêt à aller?''

Puis il attendit une réponse, fixant de ses yeux gris perçants ceux d'Hylek.

K'Tarn le suivit et s'assit. Il était de mise de montrer un peu de confiance.

-''Certe c'était un peu... inconscient de ma part que de parler ouvertement ainsi, mais j'aurais cru qu'un homme dans votre situation aurait lui même choisit son voisinage... Enfin, chaqu'un sa façon d'opérer.'' Il parlait d'une voix calme et posée, aux intonnations choisies.

Le fauteil était confortable, et la température fort agréable. Cette scène, hormis Hylek, lui rappelait inconsciemment sa jeunesse. S'en rendant soudain compte, il frisson lui parcourut l'échine.

-''Pour l'instant, pour vous je serai S, car il est de circonstance que je garde un certain anonymat. Nous ne nous sommes jamais rencontré, après tout, et cette discussion n'a jamais eu lieu. Il serait bien que celà reste ainsi, ne croyez-vous pas?''

Puis il fit une de ses pauses brèves, qui le définierait lorsqu'il incarnerait S. Car biensûr il avait une personnalité pour chacune de ses ''incarnations".

-"Quoi qu'il en soit... Parlons affaire. J'ai besoin de savoir si je peux vous faire confiance. Pour l'or, c'est impossible... nous verrons donc plus tard. Êtes-vous prêt à recevoir votre premier assignement? Nous discuterons d'or que si vous acceptez. Tels sont mes modalités.''

-''La rue mon bon seigneur, la rue ma parlée de vous! On en entend parfois plus qu'on ne le devrait quand on a l'oreille un tant soit peu fine. Dame Chance ma dit votre nom et Messire Destin m'a indiqué la route.''

Nouvelle pause.

-''Non soyons sérieux... C'est un homme que j'ai rencontré dans une auberge où je passai la nuit récemment. Il avait bu plus qu'il n'aurait dut et m'a raconté les exploits d'un mercenaire qui aurait effectué un travail sans tache. Les clients satisfaits sont les meilleures sources dit-on.''

Il pausa de nouveau. En son fort intérieur, il semblait désirer irriter son interlocuteur.

-''Voici la première tâche. Elle devrait être aisée, mais vous devrez requérir au tact et discrétion. Je veux que vous me fassiez une liste des dirigeants militaires du royaume. Que la fine pointe à ce niveau là. Ensuite j'aimerais que vous ratissiez la ville, et trouviez tout officier, en service ou en permission. LA priorité va à ceux qui devront quitter la ville sous peu. Une prime sera ajoutée si vous pouvez avoir une idée des lieux que fréquentent ces hommes. Cela fait de vous un détective, si vous le voulez bien. Pour un homme de votre talent, ce peut sembler une tâche ingrate, mais il faut que cela soit fait avant toute chose. Alors?''

-''Hum, tentation tentation!...'' dit-il sur un ton soudain amical.

-''J'accepte volontiers. Oui, buvons à notre alliance, qui je n'en doute pas, portera ses fruits. ..''

Encore une pause.

-''Vous savez, en cette guerre de pouvoir, les bons alliés sont aussi rares que les bon vins.''

Il prit le verre que lui offrait Hylek et le sentit, offrit un toast aux nouvelles ententes, puis le goûta.

-''Hum, excellent. Voilà un bon présage il me semble.''

Il but une autre gorgée puis vint à la conclusion de cette rencontre.

-''Combien de temps, selon votre expérience, cette tâche devrait-elle vous prendre?''

-''Bien. Quand vous aurez trouver une quantité que vous jugerez suffisante d'information... Prenez ceci...'' dit-il, en lui tendant un bout de papier. En l'ouvrant, Hylek y découvrirait un portrait un peu grossier avec un description. Personne en ces terres n'aurait pu identifier l'homme sur l'affiche, puisqu'il n'existait pas.

-''Lorsque vous aurez les informations, postez ceci sur le mur du crime, qui longe la ruelle marchande. Postez le un peu à l'écart, afin de ne pas trop attirer l'attention. Lors de mes périodes...'' K'Tarn avait faillit parler de ses périodes de permissions et la mention de ces congés aurait pu compromettre partiellement sa couverture, chose qu'il ne désirait guère. Mais il se rattrapa presque instantanément, tout d'abord en feignant une pause.
-''..De visites de la citadelle... Je passerai devant. Il vaut mieux éviter que l'on se voit sur une base régulière vous voyez...''

Il se leva et prit le chemin de la porte, déposant au passage la coupe qu'il venait d'utiliser.

-''Puisse Dame Chance vous accompagner et Messire Destin vous regarder d'un œil clément.'' et à ces mots il sourit, bien que cette expression ne paraissait pas sous les bandages qui lui couvrait la moitié inférieure du visage.

S venait de devenir superstitieux.

"Comme vous le souhaitez monsieur..."

Hylek fut prit de maux de tête qu'il réussit cependant à dissimuler. Les images d'un soldat lui vinrent à l'esprit, celui d'un homme vadrouillant durant ses permissions. Le contact avec l'esprit de l'albinos se rompit rapidement, laissant à Hylek quelques étourdissements.
La télépathie, quel dont merveilleux. A présent il pouvait mieux savoir qui était ce commenditaire mystérieux.

Un petit sourire étira ses lèvres, et un éclat de malice passa dans son regard.

"A bientôt cher monsieur S. Tachez de ne pas vous blessez avant notre prochaine rencontre..."

Hylek laissa à Monsieur S le soin d'interpréter ses paroles comme il l'entendait

[excuse moi pour le retard, c'est la période d'inscription en étude sup et pb de santé...]

K'Tarn prit alors congé, et il était temps. Tout ce fatras qu'il portait pour conserver une miette d'anonymat lui donnait chaud.

Ce soir il rentrerait chez lui, et demain il retournerait patrouiller les frontières de ce pays qu'il espérait bientôt sien.

La jolie blonde arriva devant une maison. Il faisait un peu trop chaud et humide ce jour-là. Il devenait impératif qu'elle aille chercher des tenues de rechange... et qu'elle se recoiffe, elle avait un petit air négligé qui lui déplaisait.

°De toute façon, il faudra bien que j'aille faire mes valises.... ou que je commande à quelqu'un de le faire pour moi. Après tout, les serviteurs sont faits pour ça.°

D'après de vagues souvenirs, c'était ici que vivait le mage.

°Pourvu qu'il soit là, je n'aime guère attendre dans ce quartier. J'ai toujours l'étrange impression que mon père a assassiné au moins une personne dans chacune de ses jolies maisons.°

Elle jeta un coup d'oeil à Adalith, puis frappa à la porte.

Je ne connais pas cet homme, soyez prêt à riposter si jamais il se trouve être agressif.


Peu rassurée (mais elle aurait préféré se faire arracher les dents avec une épée que de le montrer), elle se tint droite comme un i et plus inexpressive que jamais devant la porte de cet inconnu. Elle faisait étrangement confiance à Adalith. De toute façon, il n'avait aucun intérêt à lui planter une dague dans le dos, n'est-ce pas ?

°Peut-être qu'un de ses dons me forcent à lui faire confiance. Soyons prudente sans nous montrer paranoïaque...°

Avec délicatesse, elle posa une main sur sa robe, là où se trouvait son stylet. Elle était toute prête à l'enfoncer entre les yeux d'un potentiel agresseur.

Adalith avait suivi la délicieuse Rowane pendant le trajet qui les avait mené jusqu’à la maison de ce fameux mage.

* Quelle horreur, me faire marcher par ce temps pour un sois disant mage dont nous ne connaissons rien, c’est le bouquet…*

Lorsque l’ambassadrice d’Aliagan prévint Adalith du risque qu’ils auraient pu courir face à cet inconnu, le jeune mage vert agrippa son bâton serti d’une émeraude et fixa d’un regard perçant la porte de la maison qui leur faisait face.

Adalith chuchota quelque chose en plaçant sa main devant sa bouche pour étouffer un éventuel ricanement :

-Agressif, j’aimerais bien voir ça, s’attaquer à l’ambassadrice et au mage d’Aliagan, c’est comme acheter un aller simple pour les oubliettes

Rowane observa de long en large l'homme qui venait de leur ouvrir la porte. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit heureux de les voir, mais tout de même !

°Encore une tête de cochon, à croire que c'est un trait de caractère récurrent chez les mages aliagans...°

Elle sourit à l'homme. Bien évidemment, elle avait plus envie de lui écraser la tête contre un mur pour le punir de se prendre pour une personne si importante que la déranger était presque un sacrilège. Mais elle se retint. Ce n'était guère convenable surtout pour une première rencontre. Elle calma donc son propre agacement et redevint aussi froide que la glace.

Je suis Rowane Oropher, ambassadrice d'Aliagan. Et voici Adalith Serenes, magicien d'Aliagan.

Elle jeta un coup d'oeil à Adalith comme pour l'inviter à la suivre. Puis, elle poussa l'homme et pénétra chez lui. Elle s'accouda à la cheminée et renifla. Cela se sent toujours lorsqu'un homme vit seul.

Si vous êtes bien le mage Hylek Gray, nous sommes venu à vous afin que vous nous accompagniez dans un voyage périlleux vers Phaëris.

Le fauteuil avait l'air confortable. L'homme vivait tout à fait correctement.

Il s'agit d'une affaire de la plus haute importance. Si c'est l'aspect financier de la chose que vous craignez, nous vous payerons à la hauteur de vos capacités. Cela va sans dire...

Ellese décolla de la cheminée pour s'approcher un peu plus de l'homme. Elle sourit à nouveau, mais cette fois-ci, son sourire était un peu plus cordial.

Adalith attendit quelques secondes avant que quelqu’un daigne venir leur ouvrir la porte et par la même occasion les retirer à ses conditions climatiques des plus agaçantes.

Celui qui vivait dans cette maison était un jeune homme aux cheveux gris clair et au teint pâle. Manifestement, il n’était pas très heureux de la visite de Rowane et d’Adalith…

* Alors là, c’est le sommet ! Non seulement j’ai du traîner mon corps étrangement courbaturé jusqu’ici mais en plus, on me reçoit avec une impolitesse sans nom.*

Lorsque la jeune ambassadrice d’Aliagan présenta Adalith, celui-ci tenta de cacher sa rancoeur et parvint à se parer d’un sourire amical.

* C’est ma première vraie mission pour le royaume, je vais peut-être éviter de me faire remarquer. Je représenterai notre sublime royaume partout dans notre monde et cette tâche, je veux l’accomplir de manière irréprochable.*

Lorsque Rowane entra dans la maison, le jeune magicien la suivit, se posta à ses côtés et attendit patiemment la réponse du mage…

° Mon père aurait déjà arracher la tête de ce mage à la petite cuillère ! Se comporter ainsi avec deux figures importantes de la cour ! Ce serait considéré comme un blasphème chez les Hindells et il finirait brûlé sur la place publique ! °

Parfois, la jeune ambassadrice trouvait qu'il y avait du bon chez les autres peuples. Surtout lorsqu'il s'agissait de lois protégeant le statut des nobles et des personnes siégeant au conseil.

Dire que Rowane n'appréciait pas cet homme aurait été encore très en dessous de la réalité. Elle sentait qu'il ne fallait pas lui faire confiance. Sa manière même d'accueillir des compatriotes aliagans l'avait quelque peu choquée. On ne se comportait pas ainsi avec ceux de son propre peuple ! Mis peu importe, il leur fallait de la chair à canon si jamais ils avaient besoin de nourrir un monstre en cours de route.

Elle refusa de s'asseoir d'un geste poli de la main. En vérité, elle n'avait pas de temps à perdre en futilité. Il fallait qu'elle prépare bien d'autres choses avant leur départ vers Phaëris.

°Ainsi donc, il refuse de répondre directement à mon offre, nous pourrions toujours jouer à son petit jeu, mais je n'en ai aucune envie. Peut-être un autre jour.°

Je ne désire aucune boisson, dit-elle d'une voix douce mais ferme.

Elle jeta un coup d'oeil à Adalith. Elle le savait intelligent, mais elle lui fit comprendre que ce serait à ses risques et périls s'il acceptait de boire un verre dans cette demeure.

Rowane n'était pas tombée dans le panneau des faux-semblants de cet homme. Elle savait que tous les Aliagans avaient un don particulier pour la dissimulation et le mensonge, elle la première. Hylek était sûrement aussi faux que le magnifique sourire que le visage de la jeune femme affichait.

Si c'est de l'argent que vous désirez, cela ne pose aucun problème, mais vous serez payé lors de notre arrivée à Phaëris...

Lorsque le jeune homme s’excuse en prétextant une migraine, Adalith ne put s’empêcher de commenter ses pensées.

-Les excuses sont faites pour s’en servir…

Adalith n’aimait vraiment pas Hylek, ce jeune mage était non seulement impoli mais aussi fourbe et hypocrite. L’idée d’un éventuel voyage avec ce détestable individu ne ravissait guère le magicien d’Aliagan mais il devrait bien faire avec si l’avenir de la nation en dépendait.

Suite à la proposition d’une quelconque boisson, Adalith remarqua le coup d’œil que lui avait discrètement lancé l’ambassadrice d’Aliagan et se dépêcha de répondre à son tour, non sans une certaine ironie.

- Non merci, je ne voudrais guère abuser de votre si agréable hospitalité.

Soudain, quelque chose interpella Adalith, malgré que Rowane ait proposé deux fois à Hylek ce voyage avec eux, celui-ci n’avait pas encore répondu. Comment quelqu’un d’à priori sans histoire pouvait faire patienter deux des personnes les plus influentes d’Aliagan ? De plus, il leur restait beaucoup de choses à préparer pour ce fameux périple et ils ne pouvaient pas se permettre de gaspiller de précieuses minutes en demeurant.

-Enfin bon, que décidez-vous ? Nous avons encore énormément de tâches à accomplir pour préparer au mieux ce voyage et nous aimerions une réponse claire de votre part…

L'ambassadrice pencha la tête de côté, fixa le mage, étira ses lèvres en un mince sourire puis dit d'une voix aussi calme que glaciale :

Je ne prends mentalement que le ton que vous méritez. Sachez que je suis l'un des membres les plus indulgents du conseil... Nous étions intéressés par vos capacités qui apparemment étaient largement surestimées, mais puisque vous le prenez ainsi, je n'aime guère jouer et encore moins perdre mon temps en vains bavardages. Malgré les apparences, nous n'avons nul besoin d'un être aussi caractériel parmi nous. Je vous souhaite une bonne et hypocrite journée.

A grands pas, Rowane retourna à la porte d'entrée espérant qu'Adalith en fasse de même.

Elle n'était pas en colère, bien au contraire, elle était soulagée qu'Hylek ait si vite révélé sa personnalité. Ils n'avaient pas besoin de se réveiller avec un couteau planté dans les côtes parce que la nourriture, le vin ou que votre tête ne plaisait pas à un mage de bas niveau.

Le prix de votre impolitesse sera de rester à Aliagan à ne rien faire alors que ceux qui viendront seront couverts de gloire et de la gratitude de notre peuple.

Elle tourna les talons et s'enfonça dans la rue espérant toujorus qu'Adalith la suive.

Lorsqu’ Hylek lâcha ces quelques paroles assassines, Adalith ne put retenir un léger sourire en coin. Ce n’était pas que les paroles du mage de pacotilles l’avaient fait rire, loin de là, c’est simplement qu’il prenait un certain plaisir à voir deux personnes se lancer des remarques incisives.

* Comment peut-il se permettre un tel manque de délicatesse face à deux personnes de notre, c’est invraisemblable. Puisse les personnes aussi impolies trouver une mort des plus atroces…*

- Vous venez de perde une belle occasion de vous taire, mon cher. Vous avez peut-être gaspillé l’une des plus grandes chances de votre courte vie. Malgré tout notre bonne volonté, nous ne pouvons tolérer un tel manque de tact. Sur ce, au revoir.

Après avoir tenu ces propos, le magicien d’Aliagan suivit l’ambassadrice jusqu’à la sortie de la maison puis, dans le dédale de rue du quartier, le mage vert ne put s’empêcher de retourner le couteau dans la plaie.

- Mademoiselle, je suis sur que vous ne vous attendiez pas à une telle réaction de la part d’un mage de bas étage. Quoi qu’il en soit, nous avons très certainement fait le bon choix...