Au détour d'un couloir.

Au détour d’un couloir du palais, Kâhak trouva un domestique occuper à changer les bougies qui éclairait ces derniers. Il l’interpella et lui expliqua ce qu’il voulait. Une table et des chaises, la table devrait être ronde et des chaises disposées autour. Une nappe finement décorée aux couleurs d’Aliagan devrait recouvrir la table et une corne pleine des plus beaux fruits trônerait en son centre. Ceci fait, il ne restait plus qu’à Kâhak d’être patient.

Rowane ne se fit pas annoncer, elle avait mieux à faire. Pourtant, elle s'approcha en silence et avec calme du régent avant de s'incliner avec respect.

Mon seigneur, j'ai des informations de la plus haute importance à vous communiquer.

Elle prit une inspiration un peu trop bruyante à son goût, mais son coeur battait vraiment trop vite, puis commença son récit.

Alors que, selon vos ordres, je me trouvais devant les portes de notre grande cité, un messager Hindell en armure vint me trouver pour me remettre une missive des plus interessante.

Elle déplia la lettre et désigna le sceau du roi de Hindell.

Voici ce que Draggan, roi de Hindell a écrit :
Cher peuple Aliagan, ce message vous concerne tous et toutes, moi Draggan l'empereur de Hindell la servante de la lumière ou Hindell l'infinie comme vous le souhaiterez, désire s'entretenir avec votre roi ou reine pour des raisons purement diplomatiques, sachez donc que la troupe qui passera sur vos terres ne sera pas une troupe d'invasion et donc n'ayez crainte des disciples de la lumière.
Nous ne savons pas encore réellement la date de notre arrivée, ne changez donc rien à vos habitudes.
Avec toutes mes amitiés,
Draggan feu dragon, empereur de Hindell l'infinie

Sans plus attendre, elle remit l'objet au premier concerné.

Le roi de Hindell semble tout ignorer de vous puisqu'il veut s'entretenir avec notre roi ou notre reine.

La toute nouvelle ambassadrice sourit. Les espions de Hindell étaient soit très peu doués, soit absents des terres des Aliagans.

Le régent se tourna vers Rowane lorsque cette dernière arriva. Il l’écouta avec attention puis étonné de la missive du roi d’Hindell, il la prit et la relut une fois.

Hé bien je pense que ce cher Draggan Feu Dragon va avoir une petite surprise à ce sujet, je ne sais pas si c’est un avantage ou non, mais il va falloir faire avec…

Kâhak fit une pause un air songeur puis reprit.

Il est par contre très impoli de sa part de ne pas donner la date de son arrivé et de se déplacer sur les terres d’Alliagan avec une troupe… Mais nous ferons avec…

Mademoiselle Oropher, il semblerait qu’il ne vous soit plus nécessaire de vous rendre jusqu’à Hindell. Néanmoins, votre présence est toujours requise pour cette entrevue.

Kâhak afficha un sourire.

Il va en plus falloir que je modifie mes ordres au prêt de la garde.

Oui, ils n'avaient pas le choix. Draggan imposait sa présence aux terres aliganes, qu'elles le veuillent ou non.

° Ce monarque ne manque tout de même pas d'air. J'aurais presque hâte de le rencontrer.°

La politesse n'a jamais été le fort des Hindells. Ils sont connus pour aller droit au but. Le temps semble s'écouler bien plus vite chez eux que chez nous, ils sacrifient donc tout ce qu'ils trouvent inutile.

Rowane, trop heureuse de ne pas être écartée de l'entrevue, ne put contenir un certain air de contentement soulagé.

Monseigneur, j'ignore si vous êtes au courant, mais j'ai entendu dire que le roi de Hindell était très attaché à une religion. Quelque chose ayant rapport avec la lumière. Il semble y tenir plus que tout. Je crains qu'il ne vienne nous convertir. De gré ou de force...

Rowane avait toujours rejeté toute forme de religion. Même si elle croyait que le monde ne s'était pas créé tout seul, elle avait du mal à gober les histoires de Lumière ou d'Ombre ou de elle-ne-savait-quoi-d'autre. Mais pour l'avenir de son royaume et de sa vie, elle pourrait bien feindre de croire en ces fables.

Kâhak resta pensif quelque instants. Puis il répondit à Rowane sur un ton solennel.

Peut importe la manière dont nous vénérons un dieu, nous vénérons tous le même. Nous même à Aliagan oeuvrons en son honneur en faisant prospérer cette terre qu’il nous a donné dans son infini bonté…

Kâhak laissa flotté ces dernières paroles avant de reprendre sur un ton plus sérieux.

C’est justement parce qu’ils vont droit au but qu’ils sont prévisibles, et que nous autres Aliagans ne le somme pas.

Kâhak replia la missive du roi d’Hindell et la rangea dans l’une de ces poches.

Hâtons nous, ils pourraient arrivés d’un instant à l’autre…

Kâhak invita Rowane à le suivre et pris la direction des portes de la citadelle.

Le ton solennel du roi avait quelque chose de spécial, tout en étant effrayant, cela avait quelque chose de rassurant.

° Ha,il croit dons en quelque chose. Heureusement que je n'ai pas laissé éclaté mon absence de conviction religieuse.°

Les Aliagans sont connus pour être sournois, cette réputation, que je trouve d'ailleurs bien injustifiée, risque de nous nuire.

°Il nous faudra redoubler de ruses et frapper, si je puis penser ainsi, lorsqu'il s'y attendra le moins.°

Sans se laisser plus prier, Rowane suivit son régent.

°Je sens que cette entrevue va être bien plus compliquée que prévu. Il ne faudra rien laisser passer. Il faudra se montrer dure et inflexible.°

Kâhak se caressa le menton d’un air pensif.

En effet, nous avons la réputation d’être sournois, mais en même temps, je ne pense pas qu’elle soit si injustifiée que cela… Ma cicatrice en est indirectement une preuve.

Kâhak et Rowane passèrent devant la salle de réception qui était en pleins préparatifs. Kâhak eut l’air satisfait.

J’espère que mon discourt sur les croyances d’Aliagan sera suffisamment convainquant… Au moins, la salle de réception sera correctement préparée.

Puis se tournant vers Rowane.

Qu’en pensez vous ?

°Mais tu n'es pas obligé non plus de conter la malheureuse histoire de ta cicatrice à qui veut l'entendre.°

Elle observa un instant cette belle cicatrice en pensant qu'il valait peut-être mieux faire croire qu'il s'agissait d'une blessure de guerre. Le côté militaire de la chose pourrait plaire aux Hindells.

Il lui demandait son avis. Elle fit mine de réfléchir, mais son discours était déjà bien en place.

Sincèrement, j'en pense que la religion est l'opium du peuple. Lorsqu'un pays fonde toute sa puissance sur des croyances, c'est qu'il prend un très mauvais chemin. Je pense que ce qui intéresse le plus nos hôtes est notre puissance commerciale. Ils souhaitent faire la guerre, ils ont besoin de nous. Passez-moi l'expression, mais ils se contrefoutent de notre religion ou de l'allure de notre salle de réception. Nous pourrions les faire manger dans des auges qu'ils ne s'en trouveraient pas plus gênés que cela.

°Nous pourrions même remplir les mangeoires de choucroute aux pâtes.°

Kâhak se mit à rire de bon cœur, puis se reprenant.

Bien que les traiter de la sorte ne me dérangerai pas, je tiens un minimum à notre image. En tout cas je partage votre avis sur la religion, basé la puissance d’un pays sur une croyance est une bien mauvaise idée.

Reprenant un ton sérieux il continua.

Il est évident qu’il vont avoir besoin de nous pour faire la guerre, tout comme leurs adversaires… Mais ça, c’est une affaire qui ne les regarde pas.

[suite aux portes de la citadelle]

°Ainsi donc mon bon seigneur est du même avis que moi. Si seulement je le connaissais plus, je pourrais lui proposer de faire venir les plus braves de ses soldats pour assassiner Draggan. Il deviendrait ainsi un vrai roi, place que d'ailleurs notre duc semble bien mériter.°

Elle glissa une main sur son stylet en se demandant si la lame était assez solide pour traverser les solides armures hindelles.

°Tu as connu bien pire ma jolie, n'est-ce pas?°

Sans un mot, elle partit à la suite de Kâhak.